Qui êtes-vous ?
- la preuve.
- Bruxelles, Belgium
- La preuve est un projet qui associe théâtre-performance-sculpture. Avec ce projet, j'ai la volonté de tester et jouer avec le public à tester nos limites face aux imageries 'clichés' liés au: /meurtre-serial killer-school shooting/ tout en tentant de connecter ces thèmes à celui de l'amour : Et si un meurtre/carnage devenait une preuve d'amour ? "Il y a un vieux proverbe qui dit : « si dieu n’existe pas tout est possible ». Mais ce qui est certain, c’est que Tout n’est jamais permis, parce qu’il y a des lois de vraisemblance qui survivent au créateur. Cependant la deuxième partie du proverbe peut fonctionner, c’est-à-dire se faire réalité sur le mode hypothétique : « si tout est permis... » Ce nouveau proverbe n’a pas de seconde partie. En effet si tout est permis... eh bien quoi ? Un projet proposé par Mathias Varenne Mise en scène: Mathias Varenne Sculptures: Damien petitot Scénographie: Damien Petitot et Gaëtan Rusquet Interprètes/Performers: Damien Petitot, Gaëtan Rusquet, Mathias Varenne, Nathanaëlle Vandersmissen. Chargée de production: Manon Faure Un projet présenté par MOTHERSHIPasbl
mercredi 13 juin 2012
mardi 12 juin 2012
dimanche 10 juin 2012
samedi 2 juin 2012
jeudi 19 avril 2012
lundi 16 avril 2012
Une nuit dans la foret.
Une
nuit, lors de mes 14 ans, nous avons eu moi et mes quatre meilleurs amis, la permission d'aller faire du camping dans les
bois. Nous étions chacun arrivé avec notre énorme sac à dos
bourré par nos parents de vivres et de couvertures. Moi j'avais pris
en plus au fond de mon sac, Virginie, la chatte de mon voisin en me
disant que ça serait cool d' avoir une mascotte pour le club. Je
l'avais enfermé dans un sac et après bien deux heures d'hystérie
complète elle s'était enfin résignée à son sort, non sans avoir
uriné à plusieurs reprises ce qui avait donné une odeur définitive
aux couvertures et aux sandwichs «thon mayonnaise» de ma mère.
A
peine on s'était installer près d'un gros chêne ou on avait décidé
de passer la nuit, que j'ai sorti Virginie pour la présenter à mes
potes. Le noeud du sac me résistait, alors Aïcha qui avait des
ongles très longs avec des hello kitty souriants collés dessus, a
pris le relais. Avec une dextérité fascinante et en moins de deux
secondes elle a réussi à libérer le corps de Virginie et à le
plaquer au sol, mais Virginie l'a immédiatement griffé à la main
et Paul et Laura sont venus à la rescousse pour la tenir, pendant
que moi et Martin avons défait nos lacets pour l'attacher par les
pattes à deux troncs d'arbre proches de nous. Liée comme ça elle
ressemblait plus à un lapin qu'à un chat, ce qui était vachement
moins cool comme mascotte mais au fond ça n'avait pas vraiment
d'importance. On s'est mis immédiatement en cercle autour de
l'animal. Pendant un long moment personne n'osait respirer,
tellement on était en extase face à ce corps hystérique,
tressautant et hurlant devant nous. Paul a pris une branche morte
près de lui et a commencé à appuyer sur le flanc de Virginie qui
hurlait à la mort. On pouvait voir la résistance tenace de ses
muscles. Paul a d'abord appuyé doucement, puis a essayé d'enfoncer
de plus en plus fort le bâton dans le corps de Virginie. Virginie,
épuisée, a fini par se calmer et la seule forme apparente de vie qui
lui restait était ce halètement quasi silencieux. Chaque fois qu'il
retirait le bâton, le flanc reprenait sa forme initiale. Aucune
marque. Aucune trace. Alors, j'ai eu une idée. J'ai arraché le bâton
des mains de Paul et j'ai commencé à le presser de nouveau contre
le flanc de Virginie. D'abord à une main, puis a deux. On a commencé
à entendre ses côtes se briser. Ce bruit éveillait chez nous la
plus grande curiosité et Paul et Aïcha se sont joints à moi. On a
fait pression sur son flanc de plus plus fort, jusqu'au moment ou
notre bâton a transpercé en un centième de seconde et sans un
bruit le flanc de virginie qui s'est mis à émettre un son strident
comme jamais on n'en avait entendu. Nos cinq corps se sont alors
suspendus dans l'espace temps. Chacun retenait son souffle et écoutait
la longue plainte de Virginie. On a alors aperçu un léger filet de
liquide rouge qui commençait à sortir entre la peau de Virginie et
le bâton enfoncé dans sa chair. J'ai retiré le bâton d'un coup
sec et le sang s'est mis à jaillir en une petite fontaine carmin en
même temps que le cri de virginie s'est stoppé net. Nos cinq rires
adolescents ont remplis toute la forêt. Et puis chacun notre tour, on
a enfoncé le bâton dans le corps de Virginie. D'abord en prenant le
temps comme la première fois, comme si on souhaitait vivre encore et
encore cette expérience du moment ou l'on passait de l'extérieur à
l’intérieur, et ensuite on a commencé à s'acharner dessus comme
des fous. On étais des dieux destructeurs. Chacun à son tour on
prenait le bâton et chacun à son tour on l’enfonçait aussi
profondément qu'on pouvait en prenant son élan en hauteur et en
hurlant. Nos fronts perlaient. La sueur se mélangeait au sang sur
le sol recouvert de feuilles. Des morceaux de chair restaient collés
le long de notre arme. Et on frappait, frappait, frappait en hurlant
comme ça: (un long cri). Des morceaux de chair volaient. Le corps de
Virginie avait complètement disparu, mais on continuait à
s'acharner sur des morceaux de viande sanguinolents. Aïcha est tombé
au sol et on s'est tous mis à partir dans un fou rire comme jamais
on n'en avait eu dans notre vie. On a tous commencé à se rouler par
terre en riant. Et puis Martin s'est relevé et a pris une grosse
poignée de terre et de morceau de viande et en même temps que sa
bouche riait ses yeux nous ont lancés un défi, un vrai cette fois,
et devant nous il a enfoncé sa main remplie de boue et de Virginie
dans sa bouche. Il nous a regardé encore un moment, et il a tout
avalé en une seconde, sans même gémir. On était tous soufflés. Et
alors chacun notre tour on s'est levé, on a pris une énorme poignée
de terre et de Virginie, on regardait les autres de toute notre
hauteur et on enfonçait le tout dans notre bouche, et on avalait.
Quand tout le monde l'avait fait, ben on était calme, apaisé, en
fait. Moi et Laura on a ramassé les restes de virginie, et on les a
enterrés dans un petit trou qu'on a creusé sous un arbre. Pendant
ce temps les autres ont monté une cabane et fait un feu. Après on a
passé toute la nuit a chanter «killing an arab» et «boy's don't
cry» et on s'est raconté des histoires d'horreur en riant, en
buvant du coca et en mangeant des saucisses. Et puis au petit matin,
comme Paul et Laura s’était endormis, moi Martin et Aïcha, on a
décidé d'aller se promener dans la foret. On a marché super
lentement, on était complètement ouverts aux bruits et aux odeurs
de la forêt. Sur le chemin on ne disait pas un mot, et puis dans une
seule respiration, Martin a lâché «Vous avez déjà aimé
quelqu'un?». (Silence). Personne ne répondait. Il avait dit quelque
chose qui était vachement important, et nous le savions tout les
trois. Il venait vraiment de dire quelque chose de vachement
important. Il s'était mis à nu devant nous. Il avait su dire les
bons mots, poser la bonne question qui n'appelait aucune explication,
juste un oui ou un non qui pourrait tout transformer, à tout jamais.
Il nous faisait confiance, nous offrait son intimité, sa douleur, sa
mélancolie. Mes yeux et ceux de Aïcha se sont croisés une seconde,
pas plus. J'ai juste vu qu'elle me souriait. Alors je me suis
arrêté, sans rien dire. Je regardais fixement le sol, mon corps
était en tétanie volontaire, je me tenais au milieu de la forêt,
le corps tendu, tête baissé, le monde était mien, je venais
d'arrêter le temps. Les deux autres ont continué à avancer quelques
mètres et puis se sont retournés pour voir ce qui se passait. Alors
j'ai levé le visage vers eux, et j'ai plongé mes yeux larmoyants
dans les leurs. Je leur ai, à mon tour, offert toute ma désillusion.
Je leur offrais pour qu'il la transforme. Leurs visages étaient tout
proche du mien, à quelques mètres, oui-oui-oui, mais tout proche du
mien. Alors Martin a souri et Aïcha aussi et ils se sont approchés
de moi et Martin a posé sa main sur mon épaule et Aïcha aussi et
on s'est embrassé. Là, au milieu de la forêt, alors que le ciel
commençait à peine à s'éclaircir, nos langues se sont mélangées
timidement. Puis, Aïcha a enfoncé un peu plus profond sa langue dans
nos bouches et Martin aussi et moi aussi et à un moment on a senti
les restes de la petite odeur fétide de Virginie dans nos bouches et
alors on s'est serrés aussi fort qu'on le pouvait et alors nos
larmes et nos sourires et nos langues et la petite odeur fétide de
Virginie, tout ça se mélangeait et créait un immense ciel bleu
chaotique qui nous englobaient tout entier et on pouvait entendre le
moindre battement d'aile des oiseaux, le moindre
bruissement des fougères autour de nous, tout les loups de la forêt
nous épiaient en silence et étaient jaloux de nous. Tout, absolument
tout,autour de nous se transformait en de sublimes outils à notre
disposition afin que nous créions notre propre monde. Nous sortions
de ce monde d'explications. Nous découvrions un monde dans le monde.
La vie, la mort tout ça n'était plus quantifiable ni qualifiable.
Tout n'était qu'outil et tout n'était que possibilité de
transformation. La brutalité du monde et des hommes se révélait à
nous comme la réponse absolue, claire et nue. Nous aimions et étions
aimés. Il existait un imprévu! L'amour! Il existait une soudaineté!
L'amour! Il existait un instant ou le monde devenait réel! Un
instant ou le monde subissait la plus radicale des transformations,
ou le monde des explications s'effaçait pour nous laisser voir le
monde réel. C'était le moment de l'amour! Cette transformation,
c'est ce qui nous crevait les yeux! Nous avions détruit! Nous avions
transformé. Nous nous étions laisser surprendre! C'est ce que nous
offrait l'amour! Nous étions les plus grands enfoirés de tout les
temps si on ne voyait pas ça. Ce qui nous séparait de notre destin
était très mince. Nous n'avions qu'a dire oui. L'amour n'avait en
fait qu'un détour. Un détour, et un seul. Ce détour, c'était
l'action. Parce que l'amour n'a pas d'explications, mais il a des
preuves. Il ne s'agit pas exactement d'un détour parce que l'amour
n'existe que par ses preuves. Et puis elles ont beau être lentes et
compliquées, elles sont immédiates, les preuves. Les preuves valent
autant que l'amour, non qu'elles soient la même chose que l'amour,
ni un équivalent de l'amour, mais parce qu'elles ouvrent une
perspective sur une face réelle du monde: sur l'action ...
Mathias Varenne.
Mathias Varenne.
mardi 3 avril 2012
Résidence 2 "Textualités" --> Un rêve.
Alors
qu'il y a une prise d'otage dans un magasin ou je fais mes courses,
je décide de m'enfuir en courant, lorsque soudain j'entends le bruit
d'une détonation puis une piqûre vive entre mes deux omoplates
comme une mininiscule fée armée de ciseaux pointus qui se fraie un
chemin dans ma chair. Je continue de courir jusqu'à ce que je
m'écroule face contre le carrelage blanc du rayon boucherie. Je n'ai
pas froid, mais j'ai peur, j'ai peur car j'ai de l'espoir, l'espoir
de ne pas mourir et puis j'ai peur de vivre handicapé. Je me vide de
mon sang lentement mon cerveau se met à réfléchir très très vite
et puis je sens une main qui m'attrape l'épaule et qui me retourne
dos au sol. Un homme armé et au visage couvert d'une cagoule noire
me défie de toute sa hauteur et me regarde agoniser, ma respiration
s'accélère alors que l'homme approche son visage du mien, mon
cerveau se met a réfléchir de plus en plus vite-tissu glace métal
bois-non mon corps ne sens plus rien-acier, feu cire-non mon corps
ne sens plus rien-congélateur à droite, roue d'un caddie à
gauche, des amis oui j'ai des amis, une famille aussi oui j'en ai
une-qui va s'occuper de moi quand je serais en chaise roulante-pourquoi ai-je essayé de m'enfuir, merde putain merde pourquoi ai-je
essayé de m'enfuir hein putain de moi , et mon corps?
Non toujours rien mon corps ne sens rien et ses yeux s'approchent des
miens il n'est plus qu'a quelques centimètres-est ce que la sécu
s'occupe bien des gens handicapés?-Un vélo, une porte-ses
yeux gris verts me regarde intensément et s'approchent de moi inexorablement-des groseilles mangée dans la main de nathalie
l'été de mes 4 ans-il lève sa main lentement-tiens si je prend
cette rue la j'arriverais sans doute plus vite-il ôte sa cagoule et
me révèle son visage, mon visage, c'est moi je me regarde moi-même
dans le blanc des yeux et puis il enfin je me souris et tourne la
tête sur la droite et à coté de moi je remarque un corps couché
au sol le visage ensanglanté, c'est aussi moi et je lance un regard
panoramique autour de moi et je vois deux autres braqueurs eux aussi
sont moi et encore deux corps de moi et un autre en train de brûler
et d'hurler et c'est moi et un autre pendu a un croc de boucher qui
perd son sang et tache goutte après goutte le sol du rayon boucherie
et les deux autres braqueurs s'approchent eux aussi de moi et je me
replonge dans mes propres yeux et je ferme les yeux et j'entends alors
que je pousse mon dernier souffle: un chuchotement très léger qui me
susurre «je t'aime» .
Mathias Varenne.
Mathias Varenne.
mardi 28 février 2012
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